La Grande Semaine
Le temps de préparation à la victoire de Pâques qu’est le Carême culmine en cette dernière semaine, la Semaine Sainte inaugurée par la célébration des Rameaux. Nous accompagnons Jésus humble et humilié, Messie pourtant, et notre Rédempteur, donnant sa vie par amour pour nous.
Une liturgie marquante
Alors que bien des baptisés ont perdu le chemin de l’Église, nombreux sont encore ceux chez qui le souvenir des rites du dimanche des Rameaux reste vivant. C’est le dimanche où l’on rapporte pour le placer dans les maisons du buis béni au début de la célébration.
C’est aussi le dimanche où, après avoir acclamé Jésus lors de son entrée à Jérusalem, nous écoutons le long et émouvant récit de sa Passion.
L’acclamation messianique
La Messe des Rameaux s’ouvre sur la commémoration de l’entrée triomphale du Seigneur dans la Ville Sainte qui nous est rapportée par les quatre Évangélistes.
Jésus entre dans Jérusalem assis sur un âne, acclamé comme le Roi-Messie par la foule qui porte des branchages et s’écrie : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
Saint François de Sales souligne à ce propos l’humilité de la monture :
« Il a, par sa douceur et son humilité, captivé tous les cœurs, au lieu que s’il fut allé en quelque autre équipage, il les eut tous effrayés. » (sermon LXIV, 2e série)
Nous-mêmes pouvons partager l’enthousiasme de la foule et acclamer notre Sauveur en agitant nos branchages bénis.
La Passion
Pourtant, l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem va le conduire au sacrifice de la Croix. Le dimanche des Rameaux est aussi le dimanche où nous entendons la proclamation du récit de la Passion. En cette année B, elle sera tirée de l’évangile selon saint Marc (la Passion selon saint Matthieu ou selon saint Luc sont lues les années liturgiques A ou C –la Passion selon saint Jean étant toujours proclamée le Vendredi Saint).
Durant cette longue lecture à plusieurs voix, divers épisodes se succèdent qui, malgré leur sobriété, laissent deviner l’atrocité des souffrances endurées par Jésus jusqu’à « la mort la plus pleine d’abjection et d’ignominie qu’on pouvait jamais penser » (sermon VI, 2e série)
L’espérance malgré tout
Le récit est précédé de deux lectures reliées par le Psaume 21. La première lecture où le « Serviteur » dépeint par le Prophète Isaïe subit violence et outrages, se termine sur des mots de confiance. Dans la deuxième lecture, un passage de l’Épître de saint Paul aux Philippiens, la « kénose » du Christ, c’est-à-dire son abaissement jusqu’à la mort sur la Croix, aboutit à sa glorification. Quant au Psaume 21, il s’ouvre sur le cri de déréliction « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » pour finir dans la confiance et la louange. C’est que le message chrétien est essentiellement un message d’espérance. Il n’évacue pas la dimension obscure de souffrance et de mort inhérente à la condition humaine, mais ne s’y enferme pas. En Jésus, l’amour l’a emporté sur la souffrance et la mort. Jésus est ressuscité. La totalité du Mystère Pascal qui est notre salut, c’est inséparablement la Passion et la Résurrection de notre Seigneur Jésus.
Une grâce offerte à tous
En suivant notre Seigneur durant cette Semaine Sainte, jusqu’à la lumière de Pâques, nous renouvelons en nous la grâce du salut.
« Notre Seigneur est donc venu comme Sauveur pour nous sauver tous en mourant, car sa mort nous a acquis cette vie en laquelle nous ne pourrons jamais mourir, c’est-à-dire la vie glorieuse » (sermon LXV, 2e série)
Sœur Marie-Paul – Abbaye Notre Dame de Venière