Mais avant, parcourons rapidement sa biographie.
Bourguignonne de naissance, Jeanne Frémyot, est née le 23 janvier 1572 à Dijon où elle a vécu une enfance heureuse. Sa mère décède 18 mois plus tard en mettant au monde son frère André, qui deviendra archevêque de Bourges. C’est par leur père Bénigne Frémyot, président du parlement, et par une tante qu’ils seront élevés.
En 1592, Jeanne a 20 ans quand elle épouse Christophe de Rabutin, baron de Chantal. Le bonheur du couple s’arrête brutalement à la mort accidentelle et tragique, au cours d’une partie de chasse, de Christophe. Jeanne devient veuve à 28 ans et sa vie est bouleversée profondément.
Malgré ses quatre jeunes enfants à sa charge, elle refuse toute proposition de remariage. Après une période de deuil marquée par la rancœur et le désespoir, elle brûle du désir de servir Dieu et cherche un conseiller spirituel…
Lors d’une rencontre avec François de Sales, venu à Dijon en 1604, prêcher le carême, elle se confie à lui. Celui-ci reconnaît en elle la personne que Dieu avait destinée pour collaborer à son projet de fonder une nouvelle forme de vie ouverte à toute femme, de tout âge et de toute condition sociale ou de santé qui aurait reçu un appel de Dieu.
De son côté, Jeanne reconnaît en Monsieur de Genève le guide spirituel que Dieu lui envoie. Mais, prudent, saint François de Sales ne lui révèle ce projet qu’après plusieurs années de correspondance.
Le président Frémyot, grand-père du fils unique de Jeanne de Chantal, Celse-Bénigne (futur père de Mme de Sévigné), prend en charge son éducation. Confié tout d’abord aux jésuites de Dijon, son grand-père le fait engager ensuite dans l’armée, pour briller à la cour de France.
En 1609, sa fille aînée, Marie-Aimée, épouse Bernard, le frère cadet de François de Sales. Sa fille, Charlotte meurt subitement en 1610.
Ses enfants étant établis, Jeanne de Chantal se consacre tout entière à des œuvres de charité et se sent libre de répondre à l’appel de Dieu. En mars 1610, elle quitte Dijon après des adieux déchirants pour aller à Annecy, en amenant sa fille Françoise encore jeune.
Désormais toute sa vie est consacrée au service de la Visitation
À l’âge de 69 ans, Jeanne de Chantal meurt, le 13 décembre 1641, à Moulins quelques jours après son retour d’un fatigant voyage.
À son décès, l’ordre de la Visitation compte, après 31 années d’existence, 87 monastères dans toute l’Europe. À partir de 1618, cet ordre, consacré d’abord à la visite et aux soins des malades, devient un ordre contemplatif cloîtré par décision du pape Urbain VIII et avec l’assentiment de François de Sales. Aujourd’hui, il regroupe 3 500 visitandines, dans 135 couvents répartis à travers le monde.
Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal fut béatifiée en 1751, puis canonisée le 16 juillet 1767.
Sainte Jeanne Françoise Frémyot, baronne de Chantal, est la patronne de toutes les vocations, des mères de famille, des veuves et des femmes portant le prénom France ou Francine ou Chantal. Elle est aussi la protectrice des personnes oubliées, des repris de justice.
Sainte Jeanne de Chantal, une vie pleinement vécue
Dans sa biographie : Madame de Chantal, portrait d’une Sainte (Londres, 1962), Elisabeth Stopp nous donne de nombreux aperçus de la vie de sainte Jeanne de Chantal. Elle fait remarquer, par exemple, que Jeanne a utilisé son nom de jeune fille, Jeanne Frémyot, pour signer ses lettres jusqu’assez tard dans sa vie. Elisabeth Stopp nous rappelle aussi que les nombreuses qualités que Jeanne a développées tout au long de sa vie, étaient depuis toujours en elle. Ses dons d’organisatrice ont été sollicités pour administrer un domaine mal géré et qui s’est retrouvé au bord de la faillite, peu de temps après son mariage avec Christophe en 1592. C’est une tâche qu’elle n’aima jamais mais qu’elle entreprit avec la ferme volonté de faire de son mieux.
Elizabeth Stopp raconte que, pendant les huit années de mariage de Jeanne, le plus important aux yeux de tous fut sa charité envers les pauvres. « Tous ses témoins répètent la même chose avec de petites variations circonstancielles : elle se mettait au service des pauvres et des malades dans les villages et sa générosité à donner aumônes et nourriture n’avait pas de limite. » Selon Jeanne, faire l’aumône lui donnait plus d’assurance pour demander à Dieu ce dont elle avait besoin.
Elisabeth Stopp rapporte que Jeanne était devenue une infirmière expérimentée et compatissante tant elle avait soigné de gens affligés de diverses maladies. « Les témoins parlent peu, ce qui est naturel, de sa vie intérieure et de sa prière. » A ce moment-là, son travail était sa prière, et la charité envers les pauvres, au nom de Dieu, était la forme de dévotion qui convenait le mieux à une jeune femme mariée.
Prière de Sainte Jeanne de Chantal
Seigneur, bonté souveraine,
Je m’abandonne entre tes bras, dans les joies et les peines.
Conduis-moi où il te plaira : je ne regarderai pas le chemin à suivre. Je ne regarderai que toi, ma providence, ma force, mon rempart. Je ne regarderai que toi qui me guides comme une vraie mère.
Je suivrai le chemin que tu me traces, sans jamais regarder, ni éplucher les causes des évènements, sans me poser trop de « pourquoi ». Les yeux fermés, je ferai ta volonté et non pas la mienne. Je me tiendrai en repos, sans désirer autre chose que ce que tu m’inspireras de souhaiter.
Je t’offre cette résolution Seigneur : je te demande de la bénir. J’y serai fidèle en me méfiant de ma faiblesse et en m’appuyant sur ta bonté, ta libéralité, ta miséricorde
Seigneur j’ai une confiance totale en Toi.