(Cet article est illustré d’un tableau de Joëlle Dalle, avec son autorisation, pour voir ses oeuvres: http://tendresse-de-dieu.fr/)
Pour nous chrétiens, c’est la découverte incroyable d’une force nouvelle, celle de l’Esprit de Dieu, donnée en surabondance au baptême.
L’Esprit fortifie, console, inspire, vivifie ! Il nous conforte dans une foi vivante et joyeuse. C’est le meilleur des guides spirituels.
Savourons ces extraits des sermons donnés par saint François de Sales pour les fêtes de la Pentecôte :
Or, après que le Saint-Esprit nous a donné le don d’entendement suit le don de sagesse, lequel comble l’âme de tout bien. Plusieurs savants sont fous (Rm, I, 22), mais la sagesse est une science par laquelle on savoure, on goûte et pénètre la bonté de la loi et les choses les plus relevées de l’Évangile, non pour en parler ou prêcher, mais pour les pratiquer, et, comme l’abeille, l’âme va sur les fleurs de la loi, suçant le miel de la bonté de Dieu. Qu’elle est douce à mon palais ta promesse : le miel a moins de saveur dans ma bouche[1] quand je la savoure en la bouche de mon cœur, lorsque vous me donnez à goûter vos divines maximes contre celles du monde. Ô que l’âme qui est parvenue à ce degré est heureuse, car c’est une marque qu’elle est remplie du Saint-Esprit et qu’il lui a communiqué ses dons.
Les malades ne savourent pas les viandes à cause du catarrhe qui occupe les parties destinées au goût ; les malades spirituels veulent tout à rebours de bien : ils n’ont ni crainte, ni force, ni piété, ni science. Qui veut recevoir les dons du Saint-Esprit [il lui] faut se purger des humeurs peccantes. Nous avons la langue, c’est-à-dire l’âme, chargée de catarrhe ; il faut quitter les dons du monde pour recevoir ceux du Saint-Esprit. L’esprit du monde a ses dons : il a la science pour parvenir aux honneurs, aux grandeurs et richesses; la force pour aller en duel ; la crainte de devenir pauvre et de perdre le paradis du monde et ses faveurs. Il faut quitter ces dons, car ils sont incompatibles avec ceux du Saint-Esprit ; puis il lui faut abandonner notre cœur, et le prier de nous départir ses précieux dons et les conserver en nos âmes au péril de toutes nos affections, de nous donner le don de crainte pour opérer notre salut et d’ôter de nos cœurs les autres craintes que le diable nous suggère. Que tout le reste se perde, pourvu que nous ne perdions point Dieu. Que peut faire le monde ? nous ôter deux ou trois jours de vie temporelle ? Hé, que nous doit-il importer, pourvu que nous ne perdions pas la vie éternelle ?
Parce que le Saint-Esprit est l’amour du Père et du Fils on lui attribue les œuvres qui procèdent de la bonté de Dieu, comme l’est la justification et sanctification des âmes, ainsi que les œuvres qui procèdent immédiatement de la toute-puissance, comme celles de la création, sont attribuées au Père ; c’est pourquoi nous disons : « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. » Mais les œuvres de la sagesse sont attribuées au Fils parce qu’il est la Parole du Père, Verbum Patris ; c’est pourquoi l’œuvre de la rédemption lui est attribuée, d’autant que, comme un très sage médecin, il a su guérir la nature humaine de tous ses maux. Les œuvres donc qui procèdent de la bonté de Dieu sont attribuées au Saint-Esprit parce qu’il est l’amour, c’est à dire le soupir amoureux du Père et du Fils. Or, en cette fête, ayant à considérer les œuvres du Saint-Esprit, les uns les regardent comme fruits, ainsi qu’ils sont décrits par l’Apôtre saint Paul : « Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. (Ga 5, 22-23) Les autres les considèrent et partagent en dons de science, d’interprétation et autres, ainsi que rapporte le même Apôtre en son Épitre première aux Corinthiens. Mais pour les ramasser, je suis content de les considérer sous les sept dons desquels il est parlé en Isaïe. (Is 11,1)
Nous célébrons aujourd’hui la fête des présents et du don des dons qui est le Saint-Esprit, lequel fut envoyé du Père et du Fils sur les Apoastres, sous la forme et figure de langues de feu. Mais en ce don sept autres sont enclos, lesquels nous nommons dons du Saint-Esprit. Certes, ce fut un très grand don que le Pere céleste fit au monde lorsqu’il lui donna son propre Fils, comme il a dit lui-même, et après lui son grand Apôtre saint Paul : Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? (Jn 3,16 ; Rm 8,32)
Nous pouvons considérer la grandeur du don du Saint-Esprit avec tous ses effets, en tant qu’il est envoyé par le Pere éternel et par Notre Seigneur à son Église, ou bien en tant qu’il est envoyé à chacun de nous en particulier. Certes, nous ne saurions assez remercier Dieu de ce qu’il a fait ce singulier présent à son Église, à cause des biens qui en résultent. Le Saint-Esprit fut fort convenablement envoyé sous la forme et figure de langues et de langues de feu parce que c’est en la langue que l’Église a toute sa force. Qui ne sait qu’elle opère tous ses mystères par la langue ? La prédication se fait par la langue ; dans le saint Baptême, sans lequel nul ne peut être sauvé (Mc 16,16), il est nécessaire que la langue intervienne pour donner à l’eau la force de laver nos péchés et iniquités ; de même le très saint Sacrifice de la Messe ne se peut célébrer que par le ministère de la langue.
Mais considérons, je vous prie, ce don si précieux en tant qu’il est fait à chacun de nous en particulier. Nous avons déjà dit qu’il y a en celui-ci sept autres dons, que nous appelons de crainte, science, piété, force, conseil, entendement et sapience. (Is 11,2) Par la suite que nous ferons de ces sept dons en remontant comme par une échelle, nous connaitrons si nous avons reçu le Saint-Esprit ou non, puisqu’il a coutume de les communiquer aux âmes dans lesquelles il descend et qu’il trouve préparées pour le recevoir.
Ouvrez vos cœurs au souffle de Dieu (D. Rimaud — CNPL)
Ouvrez vos cœurs au souffle de Dieu,
Sa vie se greffe aux âmes qu’il touche ;
Qu’un peuple nouveau
Renaisse des eaux
Où plane l’Esprit de vos baptêmes !
Ouvrons nos cœurs au souffle de Dieu,
Car il respire en notre bouche
Plus que nous-mêmes !
Offrez vos corps aux langues du Feu :
Que brûle enfin le cœur de la terre !
Vos fronts sont marqués
Des signes sacrés :
Les mots de Jésus et de Victoire !
Offrons nos corps aux langues du Feu
Pour qu’ils annoncent le mystère
De notre Gloire.
Livrez votre être aux germes d’Esprit
Venus se joindre à toute souffrance :
Le Corps du Seigneur
Est fait des douleurs
De l’homme écrasé par l’injustice.
Livrons notre être aux germes d’Esprit
Pour qu’il nous donne sa violence
À son service.
Tournez les yeux vers l’hôte intérieur,
Sans rien vouloir que cette présence ;
Vivez de l’Esprit
Pour être celui
Qui donne son Nom à votre Père.
Tournons les yeux vers l’hôte intérieur,
Car il habite nos silences
Et nos prières !
[1] (Ps 118, 103)