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François de Sales et nous (X) – Le grand mot de la vie spirituelle

« Voici le grand mot. Il faut regarder ce que Dieu veut, et, le reconnaissant, il faut s’essayer de le faire gaiement, ou au moins courageusement ; et non seulement cela, mais il faut aimer cette volonté de Dieu et l’obligation qui s’ensuit en nous […] »

             Lettre à Mme Brûlart, mars 1605 :

       « C’est un mot de merveille que celui que vous me dites : Que Dieu me mette en quelque sauce qu’il voudra, ce m’est tout un, pourvu que je le serve. Mais prenez garde de le bien mâcher et remâcher en votre esprit ; faites-le fondre en votre bouche et ne l’avalez pas en gros … Vous me dites qu’en quelque sauce que Dieu vous mette, ce vous est tout un. Or sus, vous savez bien en quelle sauce il vous a mise, en quel état et condition ; et dites-moi, vous est-il tout un ? …

       Voici le grand mot. Il faut regarder ce que Dieu veut, et, le reconnaissant, il faut s’essayer de le faire gaiement, ou au moins courageusement ; et non seulement cela, mais il faut aimer cette volonté de Dieu et l’obligation qui s’ensuit en nous, fût-ce de garder les pourceaux toute notre vie et de faire les choses les plus abjectes du monde ; car, en quelque sauce que Dieu nous mette, ce nous doit être tout un. C’est là le blanc de la perfection auquel nous devons tous viser, et qui plus en approche, c’est celui qui emporte le prix.

       Mais, courage, je vous supplie ; accoutumez petit à petit votre volonté à suivre celle de Dieu où qu’elle vous mène ; faites qu’elle se sente fort piquée quand votre conscience lui dira : Dieu le veut ; et petit à petit, ces répugnances que vous sentez si fortes s’affaibliront et bientôt après cesseront tout à fait. Mais, particulièrement vous devez combattre pour empêcher les démonstrations extérieures de la répugnance intérieure que vous avez, ou au moins les rendre plus douces … Je veux dire qu’il faut petit à petit amender ces démonstrations, les faisant moindres tous les jours.

       Quant au désir que vous avez de voir les vôtres fort avancés au service de Dieu et désir de la perfection chrétienne, je le loue infiniment, et comme vous souhaitez, j’ajouterai mes faibles prières aux supplications que vous en faites à Dieu. Mais, Madame, il faut que je confesse la vérité : je crains perpétuellement, en ces désirs qui ne sont pas de l’essence de notre salut et perfection, qu’il ne s’y mêle quelque suggestion de l’amour-propre et de notre propre volonté ; comme, par exemple, que nous nous amusions tant à ces désirs qui ne  nous sont pas nécessaires, que nous ne laissions pas assez de place en notre esprit pour les désirs, qui nous sont plus requis et plus utiles, de notre propre humilité, résignation, douceur de cœur et semblables ; ou bien, que nous ayons tant d’ardeur en ces désirs, qu’ils nous apportent de  l’inquiétude et de l’empressement, et enfin, que nous ne les soumettions pas si parfaitement au vouloir de Dieu qu’il serait expédient.

       Je crains semblables choses en tels désirs ; c’est pourquoi je vous supplie de bien prendre garde à vous pour ne point tomber en ces inconvénients, comme aussi de poursuivre ce désir doucement et suavement, c’est-à-dire, sans pour cela importuner ceux auxquels vous désirez de persuader cette perfection, ni même découvrir votre désir, car croyez-moi, que cela reculerait l’affaire au lieu de l’avancer.

        Il faut donc, et par exemples et par paroles, semer parmi eux tout bellement des choses qui les puissent induire à votre dessein, et, sans faire semblant de les vouloir instruire ou gagner, jeter petit à petit des saintes inspirations et cogitations dedans leur esprit. En cette sorte vous gagnerez beaucoup plus qu’en aucune autre façon, surtout y ajoutant la prière. »                                                                                                                                                      EA 13, 18-22

       La « sainte indifférence » : Je suis prêt à tout, tout m’est égal, pourvu que ce soit selon le vouloir de Dieu ! C’est le but de notre vie à la suite de Jésus, dont le « règlement » ne comportait qu’un seul article, au dire de Henri Chaumont : « Je fais toujours ce qui lui plaît » (à mon Père), Jn 8, 29.
      Cela suppose beaucoup d’amour, un discernement constant, la décision de ne pas montrer extérieurement nos combats intérieurs.
      Le zèle apostolique mal compris peut aboutir au résultat contraire de ce que nous désirons, y compris pour des amis ou des membres de nos familles « loin de l’Église » ou peu engagés. Il peut manifester la recherche de nous-mêmes et du succès, du nombre et de la visibilité. (cf. TAD X, 12-16 )
     François de Sales et nos papes Benoît et François nous disent que l’Église évangélise et grandit par attraction et la prière. 

Articles écrits par P. François Corrignan, psfs
Publiés avec son aimable autorisation
Première publication dans Paix et joie
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