Si nous prenons les évangiles, nous trouvons trois personnes différentes qui pourraient répondre à ce nom de Marie-Madeleine mais ne sont pas toujours précisément nommées, entrainant ainsi une certaine confusion :
Au tout début de la mission de Jésus, au cours d’un repas chez Simon le pharisien, une femme qualifiée de pécheresse verse du parfum sur les pieds de Jésus. C’est l’occasion pour Jésus de manifester en public sa miséricorde en lui donnant le pardon. (Cf. Lc 7, 37-50)
Et lors de la résurrection de Lazare, Jean, au chapitre 11 précise que Marie, sœur de Lazare est celle qui a répandu le parfum aux pieds de Jésus.
Chez Marc (14, 1-9), deux jours avant la fête de la Pâques, une femme fait irruption dans la maison de Simon le lépreux et lui verse du parfum sur la tête, geste sur lequel Jésus s’appuie pour annoncer sa mort prochaine. S’agit-il de la même femme que chez le pharisien ? Rien ne le laisse supposer.
Au pied de la croix, Jean (19,25) signale la présence auprès de la Vierge Marie, d’une certaine Marie-Madeleine que nous retrouvons devant le tombeau vide (20,1) et à qui Jésus apparait sous l’aspect d’un jardinier. Une fois reconnu, il lui confie l’annonce de la Résurrection : Va dire à mes frères…
Marie-Madeleine, la pécheresse repentie
Il nous est bien difficile de distinguer la véritable Marie-Madeleine au milieu de toutes ces évocations. C’est probablement ce qu’a ressenti le pape Grégoire le Grand au VIème siècle quand il a réuni en une seule personne ces femmes qui jusqu’ici, étaient bien distinctes. Ainsi, c’est le portrait de la femme pécheresse repentie qui prédomine pendant plusieurs siècles. Quand saint François de Sales évoque Marie-Madeleine, c’est bien de cette femme de mauvaise vie dont il s’agit. Et pourtant, lors du sermon d’une prise d’habit chez les Visitandines, il leur donne en exemple Marie-Madeleine ! Pourquoi ce choix ? Parce que pour lui elle est un modèle d’humilité et d’obéissance. Elle suit Jésus sans rechercher quelconque avantage pour elle. Elle aime Jésus d’une manière désintéressée et cherche sans cesse à mieux l’aimer : Mais quant à cette admirable Magdeleine, nous ne lisons nulle part en l’Evangile aucun trait d’amour propre ni de recherche quelconque ; mais elle alla trouver le Sauveur avec une pure et droite intention, non point pour l’aimer, mais pour le mieux aimer(Sermon 22 juillet 1621) Certains déclarent qu’il faut regarder Marie-Madeleine avec le cœur, c’est certainement ce regard qu’a posé saint François de Sales sur elle.
Marie-Madeleine, apôtre des apôtres.
C’est seulement en 1969 que le pape Paul VI considéra qu’il ne fallait plus considérer Marie-Madeleine comme une pécheresse repentie, mais comme un disciple de Jésus. Il s’agit donc de Marie de Magdala, une des femmes qui suivirent Jésus jusqu’à la croix.
En 1988, dans la lettre encyclique Mulieris Dignitatem sur la vocation et dignité de la femme, saint Jean Paul II explique pourquoi désormais Marie Madeleine est appelée l’apôtre des apôtres : Marie de Magdala fut, avant les Apôtres, témoin oculaire du Christ ressuscité et, pour cette raison, elle fut aussi la première à lui rendre témoignage devant les Apôtres. Cet événement, en un sens, est comme le couronnement de tout ce qui a été dit précédemment sur la transmission par le Christ de la vérité divine aux femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes.
Enfin, un décret de 2016 publié à la demande du pape François, a transformé l’obligation de faire mémoire de Marie-Madeleine en une fête au même titre que les apôtres. Cette décision s’inscrit dans le contexte d’une réflexion de l’Eglise sur le rôle de la femme dans l’évangélisation.
Marie-Madeleine est un exemple d’évangélisatrice vraie et authentique, c’est-à-dire une évangéliste qui annonce le joyeux message central de Pâques (cf. Collecte du 22 juillet et nouvelle préface). […]
Cette femme est un exemple pour toute chrétienne et nous Filles de Saint François de Sales, nous plaçons sous sa protection puisque toute fille de Saint François de Sales est une apôtre. (P. Chaumont)