Une étape, dans la prière et la vérité, sur le chemin de Paul vers Jérusalem.
Après le séjour de Paul à Corinthe (Actes 18), Luc ne citera plus d’autres femmes[1], dans les Actes des Apôtres, à part les quatre filles du diacre Philippe (Actes 21, 9) : « il avait quatre filles vierges qui prophétisaient ». Le texte est extrêmement discret. Les filles du diacre Philippe ne sont pas nommées.
Sont-elles simplement de très jeunes filles, qui ont un charisme de prophétie ? ou bien ont-elles, toutes les quatre, un projet de vie pour le Seigneur, attestant ainsi, dès le début des temps apostoliques, une forme de consécration dans la virginité et la prière ?
Même si c’est probablement le cas, elles continuent toutefois à vivre dans la maison paternelle. Leur charisme de prophétie est reconnu. A ce moment-là, Paul est en route pour Jérusalem, sachant par l’Esprit Saint qu’il va y être arrêté. Il fait halte chez Philippe pour quelques jours. Un prophète du nom d’Agabus vient les rejoindre, prévenant Paul qu’il va être arrêté et livré aux païens. Les quatre jeunes filles confirment probablement cette annonce prophétique. Cela n’empêche pas Paul de poursuivre sa route, sachant ce qui l’attend, prêt à donner sa vie pour témoigner du Christ son Seigneur.
Ces quelques jours passés chez Philippe, entouré de ce petit groupe de chrétiens qui est au diapason de son épreuve, ces quelques jours au sein d’une famille donnée à Dieu, vivant des charismes, et reliée à la première Église de Jérusalem (Philippe est l’un des sept, en même temps qu’Étienne cf Actes 6,5), n’est-ce pas sur le chemin de l’épreuve de Paul, une lumière et une chaleur, où il va pouvoir puiser un peu de courage et de force ?
A propos de cette vocation à la virginité consacrée, apparue dans l’Église depuis les temps apostoliques, voici une belle citation d’Adrienne von Speyr (théologienne et mystique suisse, morte en 1967) :
« Le fait qu’au cours des temps d’innombrables personnes ont choisi la virginité comme forme de vie, et cela par amour du Seigneur, montre qu’il y a réellement une possibilité humaine de renoncer au mariage par amour de Dieu, et non par faiblesse ou impuissance, et que cette possibilité ne peut provenir que d’une grâce du Seigneur et de son propre amour. Et la virginité n’a rien d’inhumain, n’a rien d’excessif ni de triste, n’est pas une vie spiritualisée dans le mépris de la chair… » [2]
Eudokia
[1] Je parle de femmes croyantes et disciples du Christ. Bien d’autres femmes apparaissent dans les Actes, qui sont là soit par leur fonction (p. exemple Bérénice, femme du roi Agrippa, ou Drusille, femme du gouverneur Félix), soit parce qu’elles s’opposent à l’annonce de l’Evangile (Actes 16, 16-19). Sans oublier un couple qui a tenté de tromper les frères de la première Eglise : Ananie et Saphire (Actes5). Nous n’avons cherché dans nos petites chroniques que les femmes qui ont servi le Christ et son Eglise, et que le P. Chaumont nous a données comme modèles.
[2] Adrienne von Speyr et sa mission théologique – 1978 – p.266.