En s’inspirant de la correspondance de Sainte Jeanne de Chantal, Mary O’Connell, ancienne conseillère, met l’accent sur les difficultés rencontrées par Jeanne de Chantal après le décès de son époux. L’importance du discernement dans le choix de son conseiller spirituel va orienter toute sa vie spirituelle.
D’après ses biographes, Jeanne de Chantal passa la plus grande partie de sa vie spirituelle dans la nuit. À la mort de son époux, elle se trouva dans un état psychologique tel, qu’il lui semblait que seul Dieu se souciait d’elle. En 1602, lors d’une visite auprès des siens, à Dijon, Jeanne rencontra un prêtre qui devint son directeur spirituel. Très rigide, il lui demanda de prononcer quatre vœux qui restreignaient considérablement sa liberté spirituelle et ne faisaient qu’augmenter son mal être.
À cela s’ajouta la demande que lui fit son beau-père de venir s’installer chez lui pour y vivre avec sa maîtresse et ses cinq enfants. Elle craignait en refusant que ses enfants ne soient déshérités. C’est donc à contrecœur qu’elle vint s’occuper des enfants de la maîtresse en même temps que de ses propres enfants. Elle réussit à cacher cette situation à son père puisqu’elle vivait maintenant à Monthelon.
En mars 1604, lors d’une visite chez son père à Dijon, Jeanne rencontra François de Sales, évêque d’Annecy, qui prêchait les sermons du carême. Elle s’entretint avec lui et lui confia ce qu’elle vivait. Elle s’arrangea pour aller le voir, avec deux de ses amies, un peu plus tard à Saint-Claude. Remplie de scrupules à cause des vœux qu’elle avait prononcés auprès de son premier directeur, elle fut rassurée par François de Sales. Dans une lettre qu’il lui écrivit le 24 juin 1604, il lui disait qu’ils avaient fait un bon discernement en décidant qu’il devienne son directeur spirituel. Il l’avertissait également que les souffrances de la naissance spirituelle n’étaient pas moindres que celles d’un accouchement.
D’après la correspondance de Sainte Jeanne de Chantal, Ed. Critique, Tome I, 1605-1621, Marie-Patricia Burns, Les Editions du Cerf, Centre d’Études Franco-italien, 1986.