Tout par amour
Si dans son Traité de l’amour de Dieu, saint François de Sales recommande la lecture des écrits de sainte Thérèse d’Avila, c’est qu’il a reconnu une conformité entre leurs spiritualités, placées sous le signe de la simplicité, de l’humilité, de l’affection
Conversion
Entrée en 1535, à 20 ans, au Carmel de l’Incarnation d’Avila, Teresa de Ahumada y vécut pendant une vingtaine d’années une vie monastique somme toute sérieuse mais peu fervente. Il est vrai que la règle mitigée du Carmel permettait d’y mener une existence presque mondaine.
A l’heure de Dieu, en 1554, à la vue d’une statue d’un Christ couvert de plaies, elle éprouve le désir d’entrer dans une relation d’amitié ardente avec Celui qui a tellement souffert tant pour elle que pour tous les hommes. Elle découvre le moyen d’avancer dans cette voie par l’oraison mentale. C’est le commencement d’un itinéraire spirituel profondément riche, orienté vers l’union mystique.
Fondations
C’est en prenant conscience des grands besoins spirituels de son temps, qu’elle perçoit l’appel de Dieu à fonder des Carmels enracinés dans la pratique de la Règle primitive. Ils seront des lieux de vie contemplative, de prière et d’intercession, où solitude se conjugue avec vie fraternelle intense.
Fécondité de l’oraison
Sainte Thérèse, célèbre pour ses extases, est tout sauf une exaltée qui aurait perdu le sens du réel. Les nombreuses fondations qu’elle a réalisées manifestent au contraire son grand sens du concret et de l’organisation. De même, ses écrits nous la montrent dispensant conseils pratiques et avis pleins de bon sens. Cependant, c’est dans l’oraison qu’elle puise sa lucidité sur elle-même ainsi que sur l’être humain et ses faiblesses. C’est en nourrissant sa relation au Seigneur, en progressant dans l’abandon à sa volonté, qu’elle devient capable de discerner les options les plus fécondes, de choisir les orientations conformes au plan de salut de Dieu.
Mais qu’est-ce que l’oraison ?
L’oraison est un temps donné au Seigneur pour un dialogue intime avec Lui. Solitude, silence, recherche d’intériorité, recueillement, voilà les dispositions requises, qu’il sera bon d’entretenir même en dehors des temps d’oraison proprement dits.
Relation à Jésus
L’oraison s’enracine dans la lecture de l’Écriture Sainte, spécialement des Évangiles qui nous font connaître la vie et les enseignements du Seigneur Jésus. La spiritualité de Sainte Thérèse est centrée sur l’humanité du Christ. Un exercice qu’elle recommande et qu’elle a beaucoup pratiqué consiste à se représenter en imagination des épisodes de la vie de Jésus.
Charité fraternelle, vie ecclésiale
Notre amour pour Dieu se vérifie dans notre amour pour le prochain. C’est la charité fraternelle qui assure en définitive l’authenticité de nos expériences spirituelles. L’essentiel n’est pas dans les phénomènes extatiques qui ne sont pas nécessaires et n’ont pas à être recherchés. L’oraison n’est pas une pratique individualiste mais un itinéraire parcouru en Église. D’ailleurs, Sainte Thérèse a vécu de nombreuses expériences spirituelles dans le cadre de la liturgie de l’Église, et elle encourage la dévotion eucharistique.
Amour par-dessus tout
Le progrès de la vie intérieure est finalement une marche vers la simplification qui se traduira en un abandon confiant à la volonté de Dieu. Selon ses propres paroles : « l’oraison ne consiste pas à penser beaucoup mais à aimer beaucoup. »
Sœur Marie-Paul – Bénédictine – Abbaye Notre-Dame de Venière