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François de Sales et nous (IV)

Dieu du cœur humain

 « Sitôt que l’homme pense un peu attentivement à la Divinité, il sent une certaine douce émotion de cœur, qui témoigne que Dieu est Dieu du cœur humain

       Ce plaisir, cette confiance, que le cœur humain prend naturellement en Dieu, ne peut certes provenir que de la convenance qu’il y a entre cette divine Bonté et notre âme : convenance grande, mais secrète ; convenance que chacun connaît, et que peu de gens entendent ; convenance qu’on ne peut nier, mais qu’on ne peut bien pénétrer. Nous sommes créés à l’image et semblance de Dieu : qu’est-ce à dire cela, sinon que nous avons une extrême convenance avec sa divine Majesté ? …

       Notre âme donc, considérant que rien ne la contente parfaitement et que sa capacité ne peut être remplie par chose quelconque qui soit au monde, voyant que son entendement a une inclination infinie de savoir toujours davantage, et sa volonté un appétit insatiable d’aimer et trouver du bien, n’a-t-elle pas raison d’exclamer : Ah, donc je ne suis pas faite pour ce monde ! Il y a quelque souverain Bien duquel je dépends, et quelque ouvrier infini qui a imprimé en moi cet interminable désir de savoir et cet appétit qui ne peut être assouvi : c’est pourquoi il faut que je tende et m’étende vers lui, pour m’unir et joindre à sa bonté à laquelle j’appartiens et je suis.

       Telle est la convenance que nous avons avec Dieu … » (TAD I, 15)

       « Or, bien que l’état de notre nature humaine ne soit pas maintenant doué de la santé et droiture originelle que le premier homme avait en sa création, et qu’au contraire nous soyons grandement dépravés par le péché, si est-ce toutefois (= toujours est-il) que la sainte inclination d’aimer Dieu par-dessus toutes choses nous est demeurée, comme aussi la lumière naturelle par laquelle nous connaissons que sa souveraine bonté est aimable par-dessus toutes choses ; et n’est pas possible qu’un homme pensant attentivement à Dieu, voire même par le seul discours naturel, ne ressente un certain élan d’amour que la secrète inclination de notre nature suscite au fond du cœur, par lequel, à la première appréhension (= connaissance) de ce premier et souverain objet, la volonté est prévenue et se sent excitée à se complaire en lui. » (TAD I, 16)

         De là, nous comprenons que « nous devons aimer la divine Bonté souverainement plus que nous-mêmes » (TAD X, 10) avec un cœur libre. Devant la bonté, notre volonté ne peut qu’être attirée, tout en restant libre d’y adhérer.

       « Ainsi les Bienheureux sont ravis et nécessités, quoique non forcés d’aimer Dieu, duquel ils voient clairement la souveraine beauté …

Mais ici-bas en terre, où nous ne voyons pas cette souveraine bonté en sa beauté, mais l’entrevoyons seulement entre nos obscurités, nous sommes à la vérité inclinés et alléchés, mais non pas nécessités de l’aimer plus que nous-mêmes ; mais plutôt, au contraire, quoique nous ayons cette sainte inclination naturelle d’aimer la Divinité par-dessus toutes choses, nous n’avons pas néanmoins la force de la pratiquer, si cette même Divinité ne répand surnaturellement dans nos cœurs sa très sainte charité … »

       D’où cette prière, don de l’Esprit en nos cœurs :

       « Je suis vôtre, Seigneur, et ne dois être qu’à vous ;

       Mon âme est vôtre, et ne doit vivre que par vous ;

       Ma volonté est vôtre, et ne doit aimer que pour vous ;

       Mon amour est vôtre, et ne doit tendre qu’en vous.

       Je dois vous aimer comme mon premier principe, puisque je suis de vous ;

       Je dois vous aimer comme ma fin et mon repos, puisque je suis pour vous ;

       Je dois vous aimer plus que mon être, puisque mon être subsiste par vous ;

       Je dois vous aimer plus que moi-même, puisque je suis tout à vous et en vous. »

        Et la conclusion, simple et logique, de François :

        « Théotime, mon cher ami, nous voyons bien que nous ne pouvons pas être vrais hommes sans avoir inclination d’aimer Dieu plus que nous-mêmes, ni vrais Chrétiens sans pratiquer cette inclination : aimons plus que nous-mêmes Celui qui nous est plus que tout et plus que nous-mêmes. Amen, il est vrai. »

        Suivant notre lieu d’origine et le lieu où nous vivons aujourd’hui, les textes ci-dessus résonnent différemment. Ici, il est facile de parler de Dieu, car la population, dans son ensemble, a une forte sensibilité religieuse (chrétienne ou autre) ; là, par contre, où l’atmosphère est plus matérialiste, indifférente ou hostile à toute expression religieuse, il est difficile de reconnaître la « convenance » entre Dieu et l’homme et de sentir une douce attraction des cœurs.

       Comment vivons-nous, à notre niveau personnel et dans notre ministère, cette réalité de foi d’un Dieu Cœur de notre cœur ? ( cf « Paix et Joie » d’octobre  2021 )

       Dans le premier Règlement des Prêtres de Saint François de Sales, le P. Henri Chaumont dit croire, et nous invite à croire, qu’il y a, « dans les consciences, même les moins éclairées, un travail immédiat du Saint Esprit ».

      Quand nous allons à la rencontre de personnes ou de groupes, ou que ces personnes viennent à notre rencontre, il nous est bon de croire que l’Esprit Saint nous précède dans les cœurs.

      Pouvons-nous partager des expériences qui disent que Dieu répond aux aspirations profondes des cœurs de personnes que nous connaissons ?

Père François Corrignan – Prêtre de Saint François de Sales

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