Regarder Marie et le mystère de l’Église, avec le Père Chaumont : aujourd’hui, le rôle de Marie « dans l’œuvre difficile de la conversion des pécheurs ».
Le Père Chaumont nous rappelle que, lorsque Marie a achevé sa vie terrestre, « Jésus ne veut pas que là se borne son rôle d’auxiliaire ». Elle continue, dans une collaboration avec son Fils Jésus, à être « Mère, apôtre, et modèle »[1].
Oui, nous pouvons contempler longuement ce rôle de Mère que Marie continue d’exercer. Elle le fait, nous l’avons vu, auprès de l’Église elle-même dans tous ses démarrages, et auprès des néophytes. Et aussi, comment ne pourrait-elle le faire ? auprès des pécheurs : « priez pour nous, pauvres pécheurs », disons-nous dans le « Je vous salue Marie ».
Comment cette Mère ne pourrait-elle être, en premier lieu, auprès de ses enfants malades, blessés, ignorants de l’amour de Dieu à leur égard, éloignés de la Source vive qui peut leur donner vie et bonheur? « Nulle part la puissance de Marie, auxiliaire de Jésus, n’apparaît plus souvent et plus libéralement que dans l’œuvre difficile de la conversion des pécheurs. Son intercession les convertit, sa compassion les touche, ils sont terrassés par la vertu de sa douceur et reviennent à Dieu »[2].
Voici ce que nous dit le Concile Vatican II, sur cette maternité inouïe qu’exerce Marie dans l’Église et l’humanité :
« Elle a apporté à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère »[3]. « … Cette maternité de Marie dans l’économie de la grâce se continue sans interruption jusqu’à la consommation définitive de tous les élus. En effet, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. (…) C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans L’Église sous les titres d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice »[4].
Marie ne peut pas ne pas avoir partagé complètement l’amour du Christ, sa compassion, pour tous les pécheurs.
Elle ne peut pas ne pas exercer envers tous le rôle maternel qu’il lui revient de jouer en complémentarité avec celui de son Fils. Et cette maternité l’engage dans un terrible combat, aux dimensions cosmiques : dès la Genèse, on lit que la femme exercera, en tant que femme, une lutte contre le Serpent : « Je mettrai une hostilité entre la femme et toi, entre ta descendance et sa descendance : tu la meurtriras au talon et elle t’écrasera la tête. »[5] Et nous lisons, en la fête de l’Assomption, la vision de ce « grand signe dans le ciel » : « une femme enveloppée du Soleil, la lune sous les pieds et sur la tête une couronne de douze étoiles », prise dans les douleurs de l’enfantement, et contre qui va se dresser le terrible dragon, cherchant à dévorer l’enfant dès sa naissance[6].
Dans cette place unique qu’occupe Marie face au mal, en complémentarité de son Fils, confions-nous à elle, confions-lui tous ceux que nous portons dans notre cœur. Lorsque nous entrons dans cette prière fidèle, nous entrons avec elle dans ce rude combat pour la vie, contre les forces de mort à l’œuvre dans notre monde. Et c’est un rude combat, dont la victoire est assurée dans le Christ.
« O Marie, réveillez notre zèle pour le salut des âmes, rappelez-nous que notre zèle doit s’exercer sur nous-mêmes d’abord ; et défendez-nous, ô Vierge puissante, contre les assauts du « lion rugissant » qui rôde sans cesse autour de nous »[7].
Eudokia
[1] « Etre Marie » (P. Chaumont), treizième méditation.
[2] Idem
[3] Lumen Gentium, sur le mystère de l’Eglise, n°61
[4] Lumen Gentium n°62
[5] Genèse 3, 15. Lecture de la fête de l’Immaculée Conception.
[6] Apocalypse de S. Jean 12, 1-6
[7] « Etre Marie », prière de conclusion à la méditation XIII.