Dans son sermon de Noël 1622, saint François de Sales insiste sur le fait que nous faisons mémoire en ce jour, du passage que Notre Seigneur a fait de sa Divinité à notre humanité. Et c’est bien pour être pleinement de notre nature humaine qu’il choisit Marie, cette jeune fille déjà toute tournée vers Dieu, comme mère de Jésus- Christ.
Considérons, je vous prie, la bonté du Père éternel ; car s’il eut voulu il eut pu créer l’humanité de son Fils comme il créa nos premiers parents, ou bien lui donner la nature des Anges, cela étant en son pouvoir. Or, s’il en eut été ainsi, Notre Seigneur n’eut pas été de notre nature, nous n’eussions donc point eu d’alliance avec lui.
Dans la pensée de notre saint patron, l’Incarnation, même si elle est œuvre de rédemption, n’est pas conséquence de la chute d’Adam et Eve. Pour lui, Dieu projeta de créer le monde pour l’Incarnation de son Fils :
La fin de son œuvre fut donc son commencement, sa divine Sapience (Sagesse) ayant prévu de toute éternité que ce Verbe prendrait notre nature et viendrait sur cette terre. Tout cela il l’avait préordonné avant que Lucifer et le monde fussent créés et que nos premiers père et mère eussent péché ; et nous tenons par tradition certaine qu’il y a mille six cent vingt et deux ans que Notre Seigneur est venu en ce monde et qu’en prenant notre nature, il s’est fait homme.
Regardons l’Incarnation comme un acte de pur amour par lequel Dieu donne aux hommes sa propre divinité pour vivre avec Lui cette alliance éternelle.
Dieu nous aima d’un amour de complaisance, car ses délices furent d’être avec les enfants des hommes. Il se fit homme pour attirer les hommes à lui. Il nous aima d’un amour de bienveillance, nous gratifiant de sa propre divinité, de telle sorte que l’homme fut Dieu. Il s’unit à nous d’une incompréhensible union. Pour ce faire, dans sa Personne de Fils de Dieu, il assuma notre nature d’une manière si forte, si serrée, si indissoluble, que jamais rien ne fut plus fortement uni à la divinité que notre humanité. Pour ainsi dire, il se coula tout en nous, il proportionna sa grandeur à notre petitesse. […] Il s’est anéanti lui-même pour prendre notre nature et nous donner la sienne ; il nous a comblés de sa bonté ; il nous a élevés à sa dignité en faisant de nous des enfants de Dieu. (Traité de l’Amour de Dieu X, 17)
Non seulement à Noël Dieu se révèle à nous en Jésus-Christ, mais il nous révèle aussi notre vocation divine. Réjouissons-nous d’être les enfants bien-aimés du Père !
Joyeux Noël !
Danielle Régnier – Directrice Générale des Filles de saint François de Sales